Suisse vs Monaco : pourquoi les Suisses fortunées s’installent en Principauté
Les déménagements de citoyens suisses fortunés vers Monaco se multiplient ces dernières années, malgré les avantages fiscaux notoires de la Confédération helvétique. Plus de 1 200 Suisses vivent déjà à Monaco (soit le 4ᵉ groupe étranger dans la Principauté). Ce phénomène intrigue, car la Suisse offre elle-même un cadre fiscal attractif et une grande qualité de vie. Cet article né du constat de notre agence immobilière à Monaco Petrini Exclusive Real Estate Monaco, qui note un changement de sa clientele et notemment l'arrivée de famille suisse que l'on accompagne de plus en plus dans l'achat de leur futur appartement en Principauté. On vous propose d’analyser pourquoi de plus en plus de millionnaires suisses choisissent Monaco, en examinant point par point les différences entre les deux pays (fiscalité, qualité de vie, résidence, services, opportunités économiques, image) et en explorant les motivations profondes qui vont au-delà de la seule fiscalité. Un tableau comparatif synthétique Suisse vs Monaco est fourni en fin d’article.
Comparaison Suisse-Monaco sur les critères clés
Fiscalité : deux paradigmes opposés
En matière d’impôt sur le revenu des personnes physiques, la différence est flagrante : Monaco n’applique aucun impôt sur le revenu, contre des taux progressifs en Suisse (variables selon les cantons, pouvant approcher ~40% pour les plus hauts revenus en additionnant impôts cantonaux et fédéral). La Principauté a aboli l’impôt sur le revenu dès 1869 et maintient encore aujourd’hui un taux 0% sur les revenus des résidents. De même, il n’y a pas d’impôt sur la fortune à Monaco, alors que la Suisse reste l’un des rares pays d’Europe à taxer le patrimoine net : jusqu’à ~1% par an pour les plus grandes fortunes, selon les cantons. Cet écart de traitement fiscal peut représenter pour un milliardaire une économie substantielle chaque année.
Fiscalité successorale et des entreprises. Là encore, les stratégies diffèrent. Monaco ne prélève aucun droit de succession en ligne directe (0%) et taxe modérément les successions entre non-parents (maximum 16%). En Suisse, il n’existe pas d’impôt fédéral sur les successions, mais les cantons peuvent taxer – la plupart exonèrent les conjoints et enfants, tandis que les héritiers plus éloignés ou non apparentés peuvent être imposés lourdement (plus de 50% dans certains cas extrêmes). C’est ainsi qu’en 2015, le canton de Genève a durci sa loi successorale, incitant par exemple le milliardaire Mohamed Al-Fayed à quitter Cologny pour Monaco afin d’y bénéficier d’une fiscalité plus clémente. Du côté des entreprises, la Suisse a récemment harmonisé son impôt sur les bénéfices autour de 15% en moyenne (suite à des réformes cantonales et à l’initiative d’une imposition minimale mondiale). Monaco, elle, applique un taux de 0% pour les sociétés locales réalisant au moins 75% de leur chiffre d’affaires en Principauté, et un taux standard de 33,3% (aligné sur la France) pour les sociétés dont plus de 25% des revenus proviennent de l’étranger. Enfin, ni Monaco ni la Suisse n’imposent de prélèvements sur les plus-values privées, et la TVA monégasque (20%) est plus élevée que la TVA suisse (7,7%), reflet de l’alignement de Monaco sur le système fiscal français.
Malgré les “forfaits fiscaux” suisses (imposition négociée sur la dépense, accessible aux riches étrangers domiciliés en Suisse) et des cantons à fiscalité allégée (Zoug, Schwyz, etc.), Monaco offre objectivement un cadre encore plus favorable pour la préservation du capital : conserver l’intégralité de ses revenus et de sa fortune. Il n’est donc pas surprenant que la perspective de garder la majorité de sa richesse attire à Monaco des fortunes du monde entier. Beaucoup de résidents de la Principauté sont prennent en compte ces dispositifs fiscaux dans le choix du départ de leur pays d'origine. Face à cette concurrence, la Suisse, bien qu’attractive, pâlit dans la comparaison purement fiscale. Il convient toutefois de noter que Monaco n’accorde pas ces avantages aux citoyens français (sauf cas particuliers) en vertu d’un accord fiscal de 1963 – une exception qui ne concerne pas les Suisses.
Qualité de vie : climat méditerranéen vs. confort alpin
La Suisse offre un environnement varié (lacs, Alpes, campagnes verdoyantes) et un climat tempéré continental, avec des hivers froids et humides sur le plateau et de la neige en montagne. La Principauté de Monaco, elle, bénéficie d’un microclimat méditerranéen exceptionnel, avec environ 300 jours de soleil par an et des températures douces l’hiver grâce à sa situation en Côte d’Azur. Ce « soleil presque toute l’année » est un facteur d’attrait important cité par les résidents monégasques. En contrepartie, Monaco est une ville-État ultradense (19 000 habitants/km²) où la nature vierge est quasi absente – même si la mer, les jardins soignés et la proximité des arrière-pays niçois et ligure offrent un cadre agréable. La Suisse propose davantage d’espaces et de paysages naturels, ainsi qu’un air généralement pur, ce qui compte dans la qualité de vie de nombreux habitants. Au chapitre du coût de la vie, les deux lieux sont chers, mais Monaco atteint des sommets : le logement y est le plus onéreux du monde, avec un prix moyen avoisinant 52 000 € le m², contre ~15 000 CHF (environ 15 300 €) le m² à Zurich ou Genève. Autrement dit, un appartement de standing à Monaco coûtera souvent plus du triple du même à Genève, conséquence d’une demande très forte et d’un territoire minuscule disponible. Au quotidien, produits et services de luxe sont accessibles dans les deux pays, mais Monaco importe la plupart de ses biens, ce qui maintient les prix élevés (y compris pour la restauration ou les courses courantes).
Sur le plan plan de la sécurité, Monaco et la Suisse excellent tous deux, avec une stabilité politique et une criminalité très faible. Monaco pousse toutefois la sécurité à un niveau rarement égalé : la ville-État est quadrillée par plus de 1000 caméras de vidéoprotection sur 2 km² et bénéficie d’un effectif d’environ 600 policiers (pour ~40 000 résidents). Le résultat est que les délits y sont rarissimes, et toute entorse à la loi est rapidement repérée. La Suisse, pays sûr par excellence, présente également des taux de criminalité bas, mais sans atteindre la surveillance omniprésente monégasque. Cette “sécurité maximale” en Principauté – couplée à l’absence de troubles sociaux majeurs – rassure beaucoup de familles fortunées. Par ailleurs, le calme de Monaco est souvent souligné : hormis lors des grands événements, la vie quotidienne y est paisible, voire feutrée, ce qui peut séduire des personnes en quête de tranquillité.
Monaco et la Suisse présentent un très haut niveau de services à la population. La Suisse possède des hôpitaux et cliniques de renommée mondiale (à Genève, Zurich, Bâle…), avec un système d’assurance maladie privé obligatoire garantissant l’accès aux soins pour tous, au prix de primes élevées. Monaco, de son côté, dispose du Centre Hospitalier Princesse-Grace, en pleine modernisation, un établissement moderne et performant, et permet à ses résidents d’accéder également aux hôpitaux français voisins (Nice, etc.). L’espérance de vie y est d’ailleurs la plus élevée au monde (environ 89 ans en moyenne), dépassant d’un petit cran celle déjà excellente de la Suisse (~84 ans). La Suisse brille par ses écoles internationales (Leysin, Institut Le Rosey…) et ses universités de prestige (ETH Zurich, EPFL, Université de Genève, etc.), attirant les élites du monde entier. Monaco, pour sa part, propose de bons établissements scolaires (lycée international, école hôtelière…) et un Institut de formation financière, ainsi que sa propre université – cepentant les enfants d’expatriés y poursuivent souvent leurs études supérieures à l’étranger (France, Royaume-Uni, États-Unis…). En termes de loisirs et culture, un riche Suisse en quête de shopping de luxe, de gastronomie étoilée ou de divertissements haut de gamme trouvera son bonheur tant à Zurich/Genève (horlogerie, boutiques, restaurants primés, festivals) qu’à Monaco. La différence vient de la concentration et du prestige des événements en Principauté : Grand Prix de F1, Monaco Yacht Show, Masters de tennis, galas de charité, casinos mythiques – un calendrier mondain qui fait partie intégrante du style de vie monégasque. La Suisse a ses événements (Montreux Jazz, Art Basel, Forum de Davos, etc.), sans doute moins glamour aux yeux du grand public. Ainsi, pour qui recherche une vie sociale faite de soirées VIP, de clubs privés et de rencontres entre célébrités et fortunes internationales, Monaco offre un terrain de jeu unique au monde.
Régime de résidence et démarches administratives
Devenir résident en Suisse vs à Monaco. Pour un citoyen suisse, vivre en Suisse est un droit naturel – aucune formalité n’est requise, hormis s’acquitter de ses obligations fiscales et administratives dans son canton de domicile. En revanche, s’installer à Monaco nécessite de suivre un processus administratif strict. Souvent nous accompagnons nos clients dans celui-ci. En effet, Petrini Exclusive Real Estate Monaco figure parmi les premiers interlocuteurs de confiance pour accompagner les citoyens suisses dans leur installation en Principauté. Nous guidons nos clients aussi bien dans la location que dans l’acquisition de biens immobiliers, tout en les assistant dans l’ensemble des démarches administratives nécessaires à une installation réussie. Notre réputation d’excellence en matière de service client nous positionne comme un leader incontesté dans l’accompagnement sur mesure des nouveaux résidents monégasques. Contactez-nous dès aujourd’hui pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé et comprendre en détail les étapes clés de votre installation à Monaco.
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La Principauté ne délivre des cartes de résident qu’aux candidats répondant à au moins l’un de ces critères : être employé à Monaco, y créer une entreprise, ou simplement prouver des moyens financiers suffisants. Dans ce dernier cas, le plus fréquent pour les rentiers, il faut ouvrir un compte bancaire monégasque et y déposer au minimum 500 000 €, puis acheter ou louer un logement dans la Principauté. Une fois ces conditions remplies, le demandeur doit fournir un casier judiciaire vierge et passer un entretien avec la Sûreté Publique. Le statut de résident est alors accordé, avec l’obligation de résider physiquement à Monaco au moins 6 mois par an (certains dispositifs techniques, comme la vérification de la consommation électrique ou d’eau, permettent de s’en assurer – l’ex-magnat de Novartis Daniel Vasella l’apprit à ses dépens en 2013, lorsque la Suisse décela qu’il n’avait pas réellement quitté son canton malgré une adresse monégasque). Notons que la nationalité monégasque, elle, est quasiment inaccessible aux nouveaux arrivants, sauf décision directe du Prince.
Un riche Suisse qui obtient la résidence à Monaco devient, aux yeux du fisc helvétique, non-imposable en Suisse (domicile principal transféré à l’étranger). Encore faut-il que les autorités suisses acceptent ce transfert de domicile – ce qui implique de couper suffisamment de liens avec la Suisse (domiciles, présence familiale, etc.) et de ne pas y séjourner plus de 90 jours par an sans autorisation. La collaboration administrative entre Berne et Monaco est bonne : la Suisse reconnaît Monaco comme résidence fiscale valable (pourvu que la présence effective y soit avérée) et les deux pays échangent certaines informations dans le cadre d’accords internationaux de transparence fiscale. Du point de vue monégasque, les Suisses sont des résidents étrangers parmi d’autres, sans traitement particulier, si ce n’est qu’ils ne sont pas soumis aux restrictions touchant les ressortissants français ou américains. En Suisse, un citoyen suisse resté résident peut optimiser ses impôts en changeant de canton (par exemple vers Zoug ou Schwytz, à faible imposition sur le revenu et zéro impôt sur les successions). Mais contrairement aux étrangers, un Suisse ne peut bénéficier du “forfait fiscal” sur la dépense – réservé aux non-nationaux. Cela crée une situation singulière : un riche étranger peut parfois payer moins d’impôts en Suisse qu’un riche Suisse de même fortune. Ce constat pousse certains Suisses fortunés à chercher ailleurs le traitement privilégié que leur propre pays n’accorde qu’aux étrangers. Monaco apparaît alors comme une option logique, offrant à un Suisse le régime fiscal ultra-léger qu’il ne pourrait obtenir qu’en renonçant à sa citoyenneté (ce que peu envisagent) s’il restait en Suisse.
Accès aux services et connectivité internationale
Transports et connectivité. La Suisse est un hub européen : elle dispose de trois aéroports internationaux majeurs (Zurich, Genève, Bâle) proposant des vols directs vers les grandes métropoles mondiales, ce qui facilite les déplacements d’affaires ou personnels. Le réseau ferroviaire suisse est réputé pour sa densité et sa fiabilité, permettant de relier aisément les villes internes et les pays voisins. Monaco, de son côté, ne possède pas d’aéroport sur son sol, mais profite de la proximité immédiate de l’aéroport international de Nice (à 30 minutes de route ou 7 minutes d’hélicoptère). Nice offre de nombreuses liaisons directes (New York, Dubaï, Londres, Moscou…) et Monaco a même un terminal dédié pour les transferts hélicoptères de luxe. La Principauté est également reliée par le train (ligne SNCF vers Nice, Cannes, Marseille) et par autoroute. Pour un homme d’affaires, rejoindre les places financières d’Europe depuis Monaco demande souvent une correspondance à Paris ou Nice, là où un Zurichois pourra voyager sans escale – un léger désavantage de Monaco en termes de connectivité mondiale. En revanche, la localisation de Monaco est stratégique pour qui opère autour de la Méditerranée : on est à 1h de vol de Milan, 1h30 de Genève, 2h de Londres, et la côte italienne ou les Alpes du Sud sont à deux pas. De plus, les résidents monégasques aisés ont fréquemment leur propre avion privé ou yacht, ce qui réduit l’importance des liaisons commerciales classiques.
Infrastructures et services publics. La Suisse excelle dans les infrastructures publiques : routes et trains impeccables, efficacité des services postaux, large accès au très haut débit internet, etc. Monaco, bien que plus petit, a investi pour offrir à ses résidents des infrastructures de qualité : le territoire est entièrement fibré (Internet ultra-rapide), les transports urbains sont développés (ascenseurs publics, bus électriques fréquents sur quelques lignes, navettes maritimes), et tout est géré à une échelle réduite ce qui permet une certaine réactivité des services. La fiscalité monégasque quasi nulle implique une absence d’impôt local, mais l’État monégasque compense grâce aux revenus tirés de la TVA, de l’immobilier et du tourisme de luxe pour financer ses services. La propreté urbaine, par exemple, est exemplaire à Monaco, rivalisant avec les standards suisses. Côté services de santé, comme évoqué, la qualité est élevée dans les deux cas, et nombre de médecins installés en Principauté sont formés en Suisse ou en France. Les deux pays misent aussi sur le multilinguisme : en Suisse, on jongle entre français, allemand, italien et anglais ; à Monaco, la langue officielle est le français mais l’anglais et l’italien sont couramment parlés, reflétant la population cosmopolite. En somme, un expatrié suisse ne sera pas dépaysé en Principauté quant au niveau de confort matériel et de services – il retrouvera même peut-être à Monaco une concentration de prestations haut de gamme (conciergeries privées, chauffeurs, boutiques de luxe ouvertes le dimanche, etc.) plus importante qu’en Suisse, du fait de la clientèle ultra-fortunée locale.
Opportunités économiques et placements financiers
La Suisse est depuis des décennies un pilier de la gestion de fortune mondiale : Zurich et Genève figurent parmi les plus grands centres bancaires privés, attirant une clientèle fortunée en quête de stabilité, d’expertise financière et de confidentialité. Cette tradition helvétique de place financière de premier plan a contribué à faire de la Suisse un « coffre-fort » réputé. Monaco, de son côté, a développé une place financière de niche, centrée sur la gestion patrimoniale des résidents et l’investissement dans les secteurs du luxe. On y trouve de nombreuses banques privées (souvent filiales de banques suisses ou internationales) et sociétés de gestion de fonds. La finance représente environ 17% de l’économie monégasque. Si l’écosystème d’affaires est moins diversifié qu’en Suisse, Monaco offre tout de même des opportunités intéressantes : pas de contrôle des changes, une fiscalité des entreprises avantageuse pour les business locaux, et des infrastructures (centres d’affaires, connexions sécurisées) destinées à attirer family offices et sièges de sociétés (notamment dans le maritime, le yachting ou les nouvelles technologies vertes encouragées par le Prince). La stabilité politique est un atout commun aux deux pays : la Suisse est une république neutre séculairement stable, Monaco une monarchie dotée d’un gouvernement stable et très peu endettée. Dans les deux cas, les risques géopolitiques internes sont considérés comme quasiment nuls, ce qui rassure pour la protection du capital à long terme. En cas de crise internationale, le franc suisse est souvent une valeur refuge – mais Monaco, utilisant l’euro tout en étant hors UE, a aussi ses avantages (pas de risque de sanctions monégasques indépendantes, etc.).
Un entrepreneur ou investisseur suisse trouvera en Suisse un terrain favorable pour lancer des activités dans de multiples domaines (finance, industrie de pointe, biotech, commodities, etc.), grâce à un marché plus grand (9 millions d’habitants, intégration dans le marché européen via accords bilatéraux) et une main d’œuvre hautement qualifiée. Monaco, avec ses 39 000 habitants, ne peut offrir un marché domestique significatif, mais sert de vitrine internationale : implanter son entreprise à Monaco peut donner une visibilité prestige, une connexion directe aux cercles d’affaires de haut niveau, et un accès privilégié à certains investisseurs ou clients fortunés. Le secteur immobilier local, bien que restreint, a connu une croissance fulgurante des prix (d’où des opportunités de plus-value pour ceux qui ont acheté tôt). Par ailleurs, Monaco mise sur quelques niches économiques : les technologies environnementales, les événements professionnels (salons, conférences financières), le e-commerce de luxe… Autant de domaines soutenus par des incitations gouvernementales dans le but de diversifier l’économie au-delà du tourisme et de la banque. Enfin, en matière de confidentialité des affaires, la Suisse a dû assouplir son secret bancaire sous la pression internationale (échange automatique d’informations fiscales avec de nombreux pays depuis 2018), tandis que Monaco, après avoir longtemps été perçue comme un paradis opaque, a également fait des concessions sur la transparence fiscale. Néanmoins, la perception générale demeure que ces deux juridictions respectent la vie privée des grandes fortunes plus que ne le font les grands États voisins. Cette confidentialité, conjuguée à la solide image internationale de sérieux (pour la Suisse) et de luxe (pour Monaco), continue de séduire les détenteurs de grandes fortunes.
Image, prestige et statut symbolique
Au-delà des chiffres et des services, l’imaginaire collectif associé à la Suisse et à Monaco diffère considérablement, ce qui joue sur la décision des fortunés. La Suisse évoque la discrétion, la fiabilité, la neutralité, un certain art de vivre feutré fait de chalets à Gstaad, de montres de luxe mais aussi de modestie calviniste à Genève. On y valorise souvent une richesse qui “ne fait pas de vagues”. À l’inverse, Monaco est synonyme de prestige flamboyant et de réussite ostentatoire – c’est la cité-état du luxe par excellence. Y établir sa résidence est un statut symbolique en soi, presque un rite de passage pour le milliardaire en quête de reconnaissance dans le club très fermé des ultra-riches mondiaux. Contrairement à un paradis fiscal lointain type îles Caïmans, Monaco offre la sécurité juridique européenne sans l’isolement social. On y vit entouré de pairs : près d’un habitant sur trois est millionnaire, et cette concentration crée une ambiance où le luxe est la norme, non l’exception. Pour certains Suisses, évoluer dans un environnement où posséder une supercar ou un yacht n’a rien d’extraordinaire peut être plus confortable qu’en Suisse où cela attirerait l’attention.
Il y a aussi la question psychologique et politique du sentiment d’accueil. Récemment en Suisse, un courant politique de gauche a proposé d’introduire une taxe de 50% sur les successions de plus de 50 millions CHF (Why the wealthy are leaving Switzerland « Euro Weekly News), affirmant que les ultra-riches doivent contribuer davantage au bien commun (notamment à la lutte contre le changement climatique). Même si cette initiative doit encore être soumise en votation et a peu de chances d’aboutir rapidement, elle envoie un signal perçu négativement par les grandes fortunes. « Les premiers départs ont déjà eu lieu » s’inquiète un député suisse, notant que plusieurs riches planifient de partir par crainte de telles lois. Ce climat politique un peu plus hostile, ou du moins incertain, en Suisse contraste avec Monaco où la politique fiscale stable et favorable est une raison d’être.
En Principauté, nul parti ne remet en cause la fiscalité actuelle, et la famille princière veille à conserver l’attrait du Rocher pour les élites internationales. Ce sentiment d’être le bienvenu à Monaco, sans être la cible de débats publics, peut peser dans la balance pour des fortunes suisses qui se sentiraient de plus en plus pointées du doigt chez elles. Enfin, l’attrait du style de vie monégasque pur et simple ne doit pas être sous-estimé : climat idyllique, sécurité absolue, absence de contraintes (pas d’heures de fermeture rigides, shopping dominical possible, service ultra-personnalisé partout), vie mondaine animée en haute saison, tout concourt à créer un cadre séduisant pour qui en a les moyens. Pour un entrepreneur ayant vendu son affaire ou un héritier de fortune en Suisse, Monaco représente souvent une récompense et un rêve d’“été perpétuel” après des années passées dans la rigueur helvétique. Nombre d’entre eux conservent certes un pied-à-terre en Suisse, mais choisir Monaco comme résidence principale relève d’un choix de vie global intégrant des dimensions fiscales, sociales et émotionnelles.
Tableau comparatif : Suisse vs. Monaco sur les critères-clés
Pour résumer les différences évoquées, le tableau ci-dessous compare la Suisse et Monaco selon plusieurs critères déterminants pour les résidents fortunés :
Critère |
Suisse (Confédération) |
Monaco (Principauté) |
Impôt sur le revenu |
Oui (barèmes progressifs cantonaux + fédéral, max ~40%) |
0% d’impôt sur le revenu des personnes physiques |
Impôt sur la fortune |
Oui (0,3% à ~1% par an selon les cantons, dès env. 50 kCHF) |
0% d’impôt sur la fortune (aucune taxation du patrimoine) |
Droits de succession |
Variables par canton : 0% pour conjoints/enfants dans la plupart des cantons, pouvant dépasser 30-50% pour héritiers sans lien de parenté. Pas d’impôt fédéral. |
0% en ligne directe (enfants, conjoints), taux faibles entre parents proches, max 16% entre non-parents. |
Impôt sur les sociétés |
Oui, ~15% en moyenne (impôt sur le bénéfice, variable selon canton, min ~12% dans certains cantons). |
0% si l’activité est principalement locale (>75% du CA à Monaco), sinon 33,3% sur les profits (taux appliqué aux sociétés à activité internationale) ([Pourquoi Monaco est un paradis fiscal pour les UHNWI et HNWI |
Climat |
Tempéré à continental selon régions. Hivers froids (neige en montagne, gel en plaine), étés chauds. Environ 150–200 jours de soleil par an (Genève ~180). |
Méditerranéen doux. Hivers très cléments (rarement <5°C), étés chauds modérés par la mer. Ensoleillement ~300 jours/an. |
Sécurité |
Excellente. Taux de criminalité bas, stabilité politique élevée, police efficace. |
Maximale. Police omniprésente (600 agents pour 2 km²), >1000 caméras de surveillance. Criminalité quasi nulle, sentiment de sécurité absolu. |
Coût de la vie / immobilier |
Très élevé (Suisse parmi les pays les plus chers). Immobilier de luxe : ~15 000 € le m² à Genève/Zurich. Panier de consommation élevé (mais TVA faible à 7,7%). |
Extrêmement élevé. Immobilier record mondial (~52 000 € le m²), offre très limitée. Coût de la vie supérieur à la Suisse (TVA 20%, nombreux biens importés). |
Services (santé, éducation) |
Système de santé de pointe (hôpitaux universitaires réputés), assurance maladie privée obligatoire. Écoles publiques de qualité, large choix d’écoles privées/internationales, universités de rang mondial. |
Système de santé moderne (hôpital Princesse-Grace), accès aux soins français. Écoles bilingues et internationale à Monaco, pas d’université complète sur place (études supérieures souvent à l’étranger). Services haut de gamme et personnalisés pour résidents (conciergerie, etc.). |
Connectivité internationale |
3 aéroports internationaux majeurs (vols directs monde entier). Réseau autoroutier et ferroviaire dense vers l’Europe. Passeport suisse très puissant pour voyager. |
Aéroport de Nice à 30 km (liaisons Europe/monde, jets privés). Héliport de Monaco (transferts rapides). Connexions routières/ferroviaires vers la France/Italie. Passeport monégasque très rare (résidents conservent généralement leur nationalité d’origine, ex. passeport suisse). |
Opportunités économiques |
Diversifiées : finance (Zurich, Genève), industries (pharma, horlogerie, négoce), innovation (startups fintech, biotech). Main d’œuvre qualifiée et marché intérieur de 9 mio hab. Stabilité monétaire (franc suisse). |
Spécialisées : gestion de fortune, immobilier de luxe, tourisme d’affaires et de prestige, yachting. Économie dopée par la présence des ultra-riches. Marché local < 40k hab mais visibilité internationale forte. Euro comme monnaie (pas de contrôle de change). |
Image & prestige |
Réputation de stabilité, de neutralité et de discrétion. Pays perçu comme un refuge sûr pour les capitaux, avec un mode de vie sobre et raffiné (luxe moins ostensible). |
Réputation de luxe, de glamour et d’exclusivité. Considérée comme un “club privé” des riches du monde. Adresse synonyme de réussite flamboyante, réseau social élitiste. Confidentialité et anonymat facilités par la concentration de fortunes. |
Tableau : Comparatif Suisse vs Monaco par Petrini Exclusive Real Estate Moanco sur la fiscalité, le mode de vie et d’autres critères pertinents pour les résidents fortunés.
Pourquoi les Suisses choisissent Monaco : au-delà des impôts
Malgré une fiscalité helvétique déjà avantageuse comparée à la plupart des pays, de plus en plus de contribuables millionnaires suisses font le choix de Monaco. Les raisons, on l’a vu, sont plurielles. Certes, l’argument fiscal reste déterminant – ne plus payer d’impôt sur le revenu ni de taxe sur la fortune a de quoi convaincre ceux qui, en Suisse, contribuent le plus (rappelons que 1% des contribuables les plus riches acquittent plus de la moitié de l’impôt fédéral direct en Suisse). Pour certaines familles, la charge fiscale en Suisse (même optimisée par le choix d’un canton favorable) devient notable au fil des transmissions de patrimoine ou des réussites entrepreneuriales. Monaco offre alors une optimisation radicale et légale. Par exemple, face à la menace d’une votation instaurant une taxe de 50% sur les grosses successions, plusieurs grandes fortunes suisses ont publiquement annoncé préparer leur départ. Dans ce contexte, Monaco apparaît comme une valeur sûre où ce type de surprise fiscale n’existe pas.
Cependant, réduire ce mouvement à une simple question d’argent serait trop réducteur. De nombreux témoignages soulignent l’attrait du cadre de vie monégasque : un climat idyllique, un sentiment de sécurité totale, une animation sociale au rythme des galas et événements internationaux. Un article de CNN Money notait que « le combo d’un climat doux toute l’année, de la stabilité politique et d’un calendrier rempli d’événements prestigieux (Grand Prix, etc.) s’est révélé particulièrement attractif » pour les riches à Monaco. Pour un suisse amateur de voile ou de sports automobiles, vivre à Monaco peut être un rêve réalisé – la possibilité de croiser des célébrités, de sortir en mer sur son yacht, de participer à des soirées de charité fastueuses, le tout dans un périmètre de quelques kilomètres. Ce lifestyle monégasque est difficile à reproduire ailleurs.
Il y a aussi la recherche d’un environnement social homogène. À Monaco, la plupart des résidents partagent un train de vie élevé. Comme l’explique Eugenia Petrini, fondatrice de Petrini Exclusive Real Estate, agence immobilière monégasque plébiscité par la clientèle suisse à la différence d’autres pays avec une taxation meilleure que la suisse mais souvent lointain « les suisses ne veulent pas se sentir exilés. Monaco est socialement et culturellement le choix idéal pour une part significative des riches de ce monde ». Tout y est accessible rapidement, et l’on y parle français ou anglais dans un contexte cosmopolite. Cette vie en communauté de fortunes crée un réseau précieux : les clubs privés (comme le Club Suisse de Monaco, fondé en 1949, très actif aujourd’hui) facilitent les rencontres d’affaires ou amicales entre compatriotes et investisseurs. Un entrepreneur tech suisse pourra y côtoyer un financier anglophone ou un industriel italien dans un cadre détendu, ce qui ouvre des opportunités ou simplement offre un cercle de sociabilité stimulant. Par contraste, en Suisse, les riches peuvent parfois se sentir isolés ou au contraire trop en vue localement (la réussite y suscite une curiosité parfois dérangeante). Le prestige de l’adresse joue également : avoir un pied-à-terre à Monaco est presque devenu un symbole de statut au même titre qu’une villa à Saint-Tropez ou un penthouse à New York. Pour certains, le choix de Monaco est motivé par cette quête de distinction dans la géographie de l’élite internationale.
N’oublions pas des facteurs plus personnels ou psychologiques : le désir de changement après des années en Suisse, l’attrait du climat marin pour la santé, ou même des considérations familiales (par exemple, si les enfants sont partis à l’étranger, un couple de seniors suisses peut décider de passer sa retraite au soleil monégasque tout en restant à quelques heures de vol de leurs petits-enfants). De plus, la stabilité de long terme est perçue comme forte à Monaco : le Prince et son gouvernement assurent une continuité et protègent les intérêts des résidents, tandis qu’en Suisse la démocratie directe, bien que un gage de stabilité globale, peut occasionnellement engendrer des incertitudes (initiatives populaires sur les hauts salaires, sur l’immigration de masse, etc., qui sont scrutées par les milieux économiques). Pour qui craint l’évolution future de la réglementation suisse ou internationale sur la richesse, diversifier sa résidence est une forme d’assurance. Monaco, avec son statut spécial, sa souveraineté limitée mais réelle et son alignement sur la France, offre un abri politique différent dans l’éventualité de bouleversements.
En conclusion, le mouvement de certains Suisses fortunés vers Monaco est le fruit d’une équation multi-facteurs : avantage fiscal indéniable, oui, mais aussi attrait d’un mode de vie luxueux et sécurisé, effet d’entraînement d’une communauté de pairs, considérations symboliques et préventives face à l’avenir. La Suisse demeure un paradis de stabilité et de prospérité, mais Monaco incarne un autre type de paradis, fait de soleil, de glamour et de sécurité totale, ce qui explique que même des citoyens d’un pays aussi favorisé que la Suisse soient tentés par l’aventure monégasque. Quoi qu’il en soit, pour nos clients, comprendre ces dynamiques est essentiel afin d’orienter au mieux leur décision de résidence entre Genève, Zurich… ou Monte-Carlo.